Le surendettement est un fléau insidieux qui affecte de nombreuses populations à travers le monde, et malheureusement Madagascar ne fait pas exception. En particulier, les couches économiquement vulnérables et financièrement exclues sont les plus durement touchées par ce phénomène dévastateur. Dans cet article, nous examinerons de près la situation du surendettement à Madagascar, en mettant en lumière les notions d’emprunt et d’endettement, ainsi que l’importance cruciale de l’éducation financière et de l’inclusion financière pour atténuer ce problème.
Emprunter de l’argent vs Être endetté
Emprunter de l’argent et être endetté sont deux notions distinctes mais étroitement liées. L’emprunt d’argent implique de contracter un prêt ou d’emprunter des fonds à des tiers pour répondre à des besoins financiers immédiats ou pour réaliser des investissements futurs. C’est une pratique courante et même une nécessité pour de nombreux ménages et entrepreneurs à Madagascar, dans la recherche de leur mieux être familiale et de la prospérité des activités développés, en plus d’être confrontés à des défis économiques constants.
Cependant, être endetté va au-delà de l’action ponctuelle d’emprunter de l’argent. C’est une condition où une personne ou un ménage a accumulé des dettes qui dépassent leur capacité de remboursement. L’endettement excessif peut entraîner un cycle vicieux de paiements d’intérêts élevés, de difficultés financières croissantes et éventuellement de faillite.
La situation économique à Madagascar
Malgré ses richesses naturelles, Madagascar fait face à de nombreux défis économiques. Selon la Banque mondiale, plus de 75% de la population malgache vit avec moins de 1,90 dollar par jour, ce qui en fait l’un des pays les plus pauvres du monde.
De plus, les données de l’enquête Finscope de 2016 (dernière enquête Finscope réalisée à Madagascar) montrent que seul 29% des adultes sont servis en services financiers formels offerts par les institutions financières habilitées : banques ou non banques. En outre, les niveaux élevés d’analphabétisme financier, avec un score moyen en éducation financière de 54%, reflètent une sensibilisation financière relativement plus élevée (73%) que le comportement financier (46%) ou la perception financière (43%). Des chiffres confirmés par The Global Findex Database pour la période 2021-2022, qui rapporte par ailleurs, qu’en moyenne, seul 26% d’adultes malgaches possèdent un compte auprès d’une institution financière et/ou d’un établissement de monnaie électronique, pour cette période.
Dans ce contexte, de nombreux Malagasy se tournent vers des sources de financement informelles, telles que les prêteurs sur gages ou les usuriers à taux d’intérêt élevé, pour répondre à leurs besoins financiers urgents. Cette dépendance aux prêteurs informels expose les emprunteurs à des risques élevés de surendettement, car ces prêteurs peuvent imposer des taux d’intérêt exorbitants et des conditions de remboursement injustes.
L’importance de l’éducation financière et de l’inclusion financière
Face à ces défis, l’éducation financière et l’inclusion financière jouent un rôle crucial dans la lutte contre le surendettement à Madagascar. L’éducation financière permet aux individus de comprendre les concepts de base de la gestion financière, y compris l’emprunt responsable, la budgétisation et l’épargne. En comprenant les risques et les avantages associés à l’emprunt, les individus peuvent prendre des décisions financières plus éclairées et éviter de s’engager dans des dettes excessives.
Parallèlement, l’inclusion financière vise à étendre l’accès aux services financiers formels, tels que les comptes d’épargne, les prêts abordables et l’assurance, à tous les segments de la population, y compris les plus marginalisés. En offrant des alternatives viables aux prêteurs informels, l’inclusion financière peut aider à réduire la dépendance au crédit à haut risque et à promouvoir des pratiques financières saines.
Le surendettement représente ainsi un défi majeur pour de nombreuses personnes à Madagascar, en particulier pour les couches économiquement vulnérables et financièrement exclues. Pour atténuer ce problème, il est essentiel de renforcer l’éducation financière et de promouvoir l’inclusion financière à travers le pays. En dotant les individus des connaissances et des outils nécessaires pour gérer efficacement leurs finances, Madagascar peut ouvrir la voie à un avenir plus stable et prospère pour tous ses citoyens.