Coordination Nationale de la Finance Inclusive

Coordination Nationale de la Finance Inclusive (CNFI)
INCLUSION FINANCIERE
A MADAGASCAR

La Finance Verte : Un Pilier Essentiel pour un Avenir Durable

      

       Dans un monde confronté à des défis environnementaux sans précédent, l’importance de la finance verte et de la politique financière axée sur le développement durable est devenue cruciale. Le World Wide Fund (WWF), l’une des organisations de conservation les plus influentes au monde, définit ces concepts et promeut leur adoption à l’échelle mondiale.

        Le changement climatique et la perte de la biodiversité constituent une menace majeure pour la stabilité financière et notre système de marché mondial1. Nos économies dépendent des biens et services générés par la nature, tels que la nourriture, les matières premières, la pollinisation², la filtration de l’eau et la régulation du climat. Pourtant des milliers de milliard de dollar sont investis chaque année dans des activités qui nuisent à l’homme et à la planète. Il est urgent de préserver notre capital naturel. Nous devons développer des modèles d’affaires et des portefeuilles d’investissements qui travaillent avec la nature plutôt que contre elle3. C’est pour cela que WWF travaille dans la finance verte.

       Le  WWF définit la finance verte comme le lien entre les systèmes financiers et les écosystèmes. Une économie prospère et résiliente qui profite aux personnes et aux communautés dépend d’une planète saine et vivante. Le secteur financier est un levier de changement extrêmement puissant qui peut favoriser la transition vers une économie équitable, neutre en carbone et positive pour la nature. La stratégie de WWF pour la finance verte est fondée sur deux piliers : verdir la finance (greening finance) et financer vert (financing green)

       A travers le programme Greening Finance Initiative (GFRI) le WWF mène des recherches scientifiques et travaille avec les pouvoirs publics, les régulateurs, les banques centrales, les banques, les investisseurs et les assureurs en fournissant des renforcements de capacité et des outils pour les engager à intégrer les risques et des opportunités environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs processus de prise de décisions en matière d’investissements, de politique monétaire et de gestion des risques («greening finance»).

       Par ailleurs, avec le secteur privé et les institutions financières, le WWF travaille à augmenter les flux financiers vers des activités ayant un impact positif sur l’environnement et la société («financing green»), d’une part, en démontrant la rentabilité financière de modèles d’affaires et d’investissements qui génèrent des impacts positifs pour la nature et les communautés (bankable nature solutions) et, d’autre part, en développant des solutions financières durables (green financial solutions) permettant de catalyser les investissements dans des entreprises qui soutiennent des services écosystémiques vitaux tels que : la pureté de l’air et de l’eau, la production alimentaire et la stabilité du climat.

       Le concept « verdir la Finance » (greening finance) va ainsi au-delà de l’aspect purement financier. Il s’agit d’un outil politique et décisionnel essentiel pour orienter les flux financiers vers des projets à faible impact environnemental et à fort potentiel de durabilité. Cette approche cherche à aligner les objectifs financiers avec les objectifs de développement durable, permettant ainsi de maximiser l’impact positif sur l’environnement tout en assurant des rendements financiers viables à long terme

       De nombreuses pratiques émergent pour intégrer les principes de la Finance Verte et de la Greening Finance. Des normes et des réglementations sont mises en place pour encourager les investissements responsables, tels que les obligations vertes, les prêts à faible émission de carbone et les fonds d’investissement socialement responsables. Ces initiatives attirent l’attention des investisseurs sur les opportunités offertes par la transition vers une économie verte.

La Finance Verte dans le Monde et à Madagascar

       Selon les données disponibles, les investissements mondiaux dans la Finance Verte sont en constante augmentation. En 2021, les obligations vertes ont atteint un volume record de plus de 1 000 milliards de dollars, démontrant l’intérêt croissant des investisseurs pour les projets durables. De plus, les actifs sous gestion dans les fonds d’investissement socialement responsables ont dépassé les 30 000 milliards de dollars, reflétant une demande croissante pour des investissements alignés sur des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

       La finance verte est en plein essor. Selon le Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), les actifs gérés de manière durable ont atteint près de 35,3 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de 15% par rapport à l’année précédente. Les investisseurs institutionnels, les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs reconnaissent de plus en plus les risques liés aux problèmes environnementaux et intègrent des critères ESG dans leurs stratégies d’investissement.

 

       En 2020, les obligations vertes ont atteint un record de 270 milliards de dollars, selon Climate Bonds Initiative. Le marché des obligations vertes en Asie a augmenté de 40 % en 2020, atteignant un total de 22 milliards de dollars. Selon le GSIA, l’Europe représente la plus grande part des investissements durables, suivie de l’Amérique du Nord et de l’Asie.

 

       Concernant Madagascar, les chiffres spécifiques sur la finance verte et le verdissement de la finance sont limités. Cependant, des initiatives telles que le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et le Fonds Vert pour le Climat (GCF) ont investi dans des projets environnementaux à Madagascar, notamment dans la préservation des forêts et la promotion des énergies renouvelables.

Perspectives pour Madagascar dans la Finance Verte

       Madagascar, riche en biodiversité mais confrontée à des défis environnementaux majeurs tels que la déforestation et la perte de habitats naturels, peut tirer profit de la Finance Verte pour promouvoir un développement durable. En intégrant des pratiques de Finance Verte dans ses politiques et ses projets d’investissement, Madagascar peut non seulement contribuer à la préservation de son patrimoine naturel unique, mais aussi stimuler sa croissance économique de manière durable.

       Cependant, pour concrétiser ces perspectives, Madagascar doit renforcer son infrastructure financière et développer des instruments financiers adaptés aux besoins locaux. Cela nécessite également une collaboration étroite entre le gouvernement, les institutions financières, les entreprises et la société civile pour mobiliser les ressources et mettre en œuvre des projets efficaces.

Intégration dans la stratégie nationale de l’Inclusion Financière de Madagascar

       L’intégration de la Finance Verte et du Greening Finance dans la stratégie nationale de l’inclusion financière de Madagascar est essentielle pour assurer une croissance économique inclusive et durable. En favorisant l’accès aux services financiers pour tous, en particulier pour les populations rurales et vulnérables, tout en encourageant des pratiques financières responsables, Madagascar peut renforcer sa résilience économique et environnementale.

       La Finance Verte et le Greening Finance sont des leviers puissants pour promouvoir un développement économique durable et lutter contre les défis environnementaux mondiaux. Madagascar, tout comme de nombreux autres pays, a l’opportunité de tirer parti de ces concepts pour façonner un avenir plus vert et plus prospère pour les générations futures.

 

 

[1] Plus de la moitié du PIB mondial dépend fortement de la nature, et 100 % en dépendent indirectement, https://pollinationgroup.com/global-perspectives/nature-positive-strategy-practical-guidance-for-corporates/

2 La valeur économique de la pollinisation par les insectes est estimée à environ 235 à 577 milliards USD par an, car elle impacte 75 % des cultures vivrières mondiales, https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800908002942

3 “The Economics of Ecosystems and Biodiversity” (TEEB) estime que la perte de biodiversité et la dégradation des services écosystémiques pourraient coûter jusqu’à 7 % du PIB mondial annuel d’ici 2050

 

 

 

Publié le 14 Juin 2024